Qu'est-ce que le Wrong-Way Risk ?
Le wrong-way risk (WWR) survient lorsqu'un contrepartie a une probabilité de défaut qui augmente précisément lorsque l'exposition de la banque à cette contrepartie augmente également, amplifiant ainsi le risque financier. Ce phénomène est particulièrement pertinent dans les transactions sur produits dérivés et de financement où les fluctuations du marché influencent l'exposition.
Wrong-Way Risk vs. Risque de crédit traditionnel
Contrairement au risque de crédit traditionnel, où un prêt crée une exposition unilatérale (seul le prêteur est exposé au risque), le risque de crédit de contrepartie (CCR) dans les dérivés est bilatéral :
- La valeur de marché d'un produit dérivé peut être positive ou négative pour chaque partie, en fonction des conditions de marché.
- L'exposition est dynamique, fluctuant avec les mouvements du marché.
Comment une banque gère-t-elle le Wrong-Way Risk ?
Une banque évalue son exposition positive au défaut (EAD), c'est-à-dire la perte potentielle si la contrepartie fait défaut lorsque l'exposition est maximale.
- Exposition positive : Si la contrepartie doit de l'argent à la banque, un défaut entraîne une perte de crédit.
- Exposition négative : Si la banque doit de l'argent, un défaut ne génère pas de perte.
Puisque seule l'exposition positive présente un risque de crédit, la banque se concentre sur les scénarios où elle pourrait perdre de l'argent en raison du défaut de la contrepartie.
Un exemple concret :
Un producteur de sucre brésilien s'attend à un revenu de 1 million de dollars provenant d'exportations et est exposé au risque de change, car il opère en réals brésiliens (BRL).
Le producteur est acheteur de USD (revenus en dollars) et vendeur de BRL.
Pour se couvrir, il conclut un contrat de change à terme standard :
- Le producteur vend des USD et achète des BRL (position courte sur USD, position longue sur BRL).
- La contrepartie, une grande banque, prend la position opposée (long USD, short BRL).
Dévaluation et apparition du Wrong-Way Risk
Supposons maintenant que le BRL se déprécie de 15 % :
- L'exposition positive de la banque augmente, car elle bénéficie de la dépréciation du BRL (étant vendeuse de BRL).
- Cependant, un BRL plus faible signale une détresse économique, ce qui peut affecter la capacité du producteur à honorer son contrat à terme.
Si le producteur fait défaut, la banque subit une exposition élevée au pire moment - précisément lorsque la contrepartie est en difficulté, créant ainsi un wrong-way risk.
Comment les banques atténuent le Wrong-Way Risk
Pour gérer ce risque, les banques :
- Augmentent les exigences de collatéral pour les contreparties dont les expositions sont corrélées.
- Surveillent les indicateurs économiques afin de détecter les risques croissants de contrepartie.
- Diversifient les contreparties afin d'éviter une concentration dans des marchés volatils.
- Effectuent des tests de résistance pour évaluer les pertes potentielles dans des scénarios défavorables.
Le wrong-way risk est un enjeu critique dans la gestion du risque de contrepartie, notamment dans les marchés émergents aux devises volatiles. L'identifier et le maîtriser est essentiel pour éviter des pertes financières importantes.
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